Interpréter un massage

. . .Se chamailler sur l’interprétation du quintette pour piano et cordes N° 1 de Gabriel Fauré : est-ce bien raisonnable ?

Entrons dans un studio de France Musique. L’émission se déroule en public. Autour de l’animateur Jérémie Rousseau, trois critiques de disques écoutent en aveugle plusieurs extraits de l’œuvre, en disque vinyl ou CD. Puis chacun donne son avis. Bien entendu, personne n’est d’accord ! Et c’est tant mieux.

Au cours de l’émission, les auditeurs votent pour leur version préférée. À 18 heures, l’animateur dévoile le nom des interprètes. Ce ne sont pas toujours les artistes les plus connus qui ont la faveur des critiques et du public.

En sortant du studio de Radio France, nous réalisons qu'une œuvre musicale dégage un éventail de sensations. Une version méconnue élargit nos paysages sonores.

. . .Chaque praticien a sa manière d’interpréter une séance. Au-delà d'un bagage technique, il crée un massage qui résonne avec sa personnalité. La touche du praticien se reconnaît dès qu’une main se dépose sur un crâne.

Car il existe mille façons de poser une main sur un crâne ! Le verbe se déposer ne suffit pas à décrire toutes les interprétations possibles lorsque la paume crée le contact avec une chevelure.

Comment le praticien respire-t-il pendant un massage ? Quelle est la texture de ses mains ? Comment bouge-t-il autour de la table ? Joue-t-il avec les nuances de lenteur ? Quelles impulsions donne-t-il à ses gestes ? Utilise-t-il le poids de son corps ? Combine-t-il les dix gestes-clés d’un massage ?

Un massage prend de la consistance quand une praticienne ou un praticien joue avec son corps. Une activité manuelle nourrit sa pratique : musique, danse, sport, art martial, sculpture... Elle donne le « la » au massage. Elle lui apporte un supplément d’âme.

Et puis, gardons à l'esprit que tout professionnel a son caractère. Les massages résonnent avec une petite musique intérieure. Certains massages ont du poids. D’autres nous élèvent comme une plume. D’autres encore donnent la sensation de voguer. Le massage du lundi circule avec fluidité. Celui du vendredi déroute par ses changements de rythmes.

D’un jour à l’autre, l’interprétation d’un massage change.

Chaque soir, un pianiste revisite une sonate de Franz Schubert qu’il connaît par cœur. Le jeu des doigts épouse la météo du jour. Un artiste sent une salle. Le public impulse une interprétation.

De même, un praticien en massages écoute une personne allongée sur une table de massage, même en silence.

À son tour, la personne qui reçoit un massage a sa gamme de ressentis. Sur une table de massage, elle interprète la douceur, puis la profondeur. Elle pulse sur un rythme. Elle réagit au toucher selon que le massage se focalise sur le crâne, le bassin, les pieds.

Tout comme un concert, un massage reste imparfait puisqu'il dépend des goûts et de l’humeur de chacun(e). Un massage ne mène pas au jardin du paradis. Il est juste le reflet d’une intention.

Un massage révèle la part humaine du praticien, mais aussi de la personne installée sur la table.

Aucun risque de s’ennuyer : demain, dimanche prochain, une nouvelle version verra le jour.

Les mélomanes écoutent France Musique. Les gastronomes en massages veillent à leur bien-être. Ils évitent de critiquer à la va-vite. Ils aiguisent leur acuité auditive et tactile. Musique et massages, ou l'art des nuances ?

• La tribune des critiques de disque : chaque dimanche de 16 heures à 18 heures sur France Musique.

. . . . . . . . . .

. . .

.

. . .

. . .
• Accès à l'annuaire des praticiennes et praticiens ayant le label France Massage®.