Partir en randonnée, tous sens éveillés… La forêt en Vallée d’Aspe dévoile ses secrets, de Lurbe-Saint-Christau au Somport.
* Image en vignette : chemin de la voie romaine à Urdos en Vallée d'Aspe.
Armé d’une tronçonneuse, un bûcheron attaque un sapin pectiné. Il l’entaille de façon que le tronc bascule du bon côté. Un débardeur équipé d’un câble tracte trois grumes sur 1 km de piste jusqu’à une aire de dépôt. Un matin d’octobre, à Lhers, une parcelle de forêt offre le bois qui fera le bonheur d’un charpentier.
Présente sur les lieux, une technicienne forestière de l’ONF a préparé le chantier. Dans les semaines précédentes, elle a marqué les arbres qu’elle juge pertinent de couper. Quand les ouvriers débarquent avec leur matériel, elle vérifie que s’exécute le plan de travail, jusqu’à faire remettre la piste en état si nécessaire.
Bon an mal an, la Vallée d’Aspe fournit près de 5 000 m³ de bois à l’industrie. Pourtant, le randonneur ne remarque rien. Car à sa manière, l'agent forestier est un artiste de la lumière. Il ménage chaque génération d’arbre, de la jeune pousse à l’aîné, du haut de ses cent années. Le plan de coupe d’un technicien ONF en montagne fait dans la dentelle. Le paysage qu’il dessine porte le nom de futaie irrégulière : une forêt à plusieurs étages où chaque arbre réalise sa photosynthèse avec de la lumière, de l’eau, du dioxyde de carbone (CO2) et des minéraux.
La forêt en Vallée d’Aspe va bien. À quelques exceptions près, le carnet de santé d’un épicéa, d’un hêtre, d’un chêne, d’un érable, d’un sorbier est vierge de parasites et de chenilles. La qualité de l’air, une pluie régulière - en moyenne 1 600 mm d’eau par an -, une gestion raisonnée du bois, font des Pyrénées béarnaises un refuge pour une variété d’essences.
Jusqu’à 800 mètres d’altitude dominent les feuillus : chênes, tilleuls, frênes. Les sapins les rejoignent entre 800 et 1 400 mètres, d'où le terme de hêtraie sapinière. Au-delà de 1 400 mètres, les pins se révèlent les plus résistants. Avec des variations selon la pente, l'orientation, la nature du sol. Les graines, portées par le vent, créent une biodiversité spontanée. Ici et là, du bois mort laissé volontairement à terre abrite des colonies de coléoptères. En Vallée d’Aspe s’épanouissent le tétra (poule sauvage), la grenouille des Pyrénées, la chouette de tengmalm, le pic de Lilford à dos rayé (un oiseau), le desman des Pyrénées (un rat), le gypaète barbu (un rapace). Quelques pommiers plantés par l’homme offrent de la nourriture aux ours, dont l’alimentation est surtout végétale.
Pourtant, le randonneur doté de jumelles qui s’engage sur le chemin de Belonce, au-dessus de Borce, reste perplexe à la vue de chandelles d’arbres morts sur le versant opposé. Ici, une sapinière a brûlé. Que s’est-il passé ? Un écobuage, pratique agricole qui consiste à brûler les broussailles pour enrichir le sol avec de la cendre, a gagné le massif en amont.
Idem au-dessus d’Aydius : une forêt centenaire est partie en fumée. Les arbres tombent peu à peu, car fragilisés par le feu qui a fragilisé leur base. La forêt en Vallée d’Aspe paie chaque année un tribut à une pratique ancestrale qui, même effectuée dans le respect des règles - arrêté préfectoral, absence de vent, mise à feu le matin - comporte des risques. Dieu merci, nous ne sommes pas dans les Alpes de Haute-Provence. La forêt pyrénéenne conserve l’essentiel de sa splendeur.
Alors affluent dès le printemps les vacanciers avides de retrouver un lien avec dame nature. Ils traversent les Pyrénées d’est en ouest grâce au GR10. Ils grimpent vers l’Espagne par le GR653, itinéraire montagnard du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. L’Office National des Forêts et le Parc National des Pyrénées fixent des panneaux pour orienter les randonneurs. Ils les sensibilisent au fragile équilibre d’une Vallée.
Partir en forêt implique d’avoir du savoir-vivre : ne pas circuler et stationner en voiture sur les chemins forestiers ; ne pas allumer de feu ; ne pas bivouaquer à moins d’une heure de marche d’un parking ; ne pas emmener son chien ; ne pas faire de cueillette, à l’exception des champignons ; ne pas pêcher ; ne pas ramasser de bois mort, car la vie se recycle dans une branche qui pourrit au sol ; ne pas abandonner ses déchets. Un agent ONF sort son carnet à souche ? Il dresse un PV ? Ce n’est pas pour le plaisir. Dans son uniforme vert kaki, il a une pensée pour la forêt. En Vallée d’Aspe, 4 agents ONF veillent sur les arbres - il y en avait 8 à la fin du XXe siècle.
Ici et là, quelques parcelles étonnent le promeneur. Ici un massif d’épicéas. Là des douglas américains. Dans les années 1960, à une époque où l’homme ignorait le mot biodiversité, il a planté, planté, pour répondre aux besoins de l’industrie. Le Fond forestier national (FFN) a aussi permis de reboiser des parcelles pour lutter contre l'érosion et les éboulements. La forêt, c’est utile pour protéger les populations : entre Sarrance et Bedous, les pins sylvestres veillent sur la route et la voie ferrée. À Aydius, les épicéas préservent le village des avalanches.
Le bois se vend aux enchères. Les coupes s’effectuent d’août à octobre pour déranger le moins possible les animaux. Mais la montagne ne se gère pas comme la forêt des Landes. Des humains sont encore nécessaires pour tronçonner les arbres, ce qui fait grimper les coûts. En Vallée d’Aspe existe une scierie familiale et ses six salariés. L’entreprise Arreteig à Lées-Athas fournit en bois les charpentiers, les chauffagistes, les magasins de bricolage.
Précieuse forêt… Dans les années 2020, elle poursuit sa croissance en Vallée d’Aspe. Paysans et bergers abandonnent peu à peu les pentes montagneuses pour recentrer leur activité en fond de vallée - à l’exception des brebis placées en estive à la belle saison. La majorité des parcelles appartient aux communes. Mais c’est l’ONF qui assure le service public de gestion des forêts.
Observer, protéger, soigner, régénérer, couper de manière raisonnée… Le Code forestier évite en principe tout dérapage dans l’exploitation des espaces boisés. Par exemple, les agents ONF déterminent la quantité de bois que la commune a le droit de prélever pour assurer l’affouage : une fourniture annuelle de bois de chauffage aux villageois.
Et soudain, les agents ONF se muent en pédagogues pour raconter la forêt aux enfants. L’école primaire d’Etsaut envoie une classe au refuge d’Arlet pour découvrir les métiers de la montagne : gardien de refuge, berger, garde au Parc National des Pyrénées… Une classe du collège de Bedous s’en va visiter deux sites, l’un dans les Landes, l’autre en Vallée d’Aspe. Elle compare la gestion de la forêt en plaine et en montagne.
Les techniciens de l’Office National des Forêts préfèrent partager leur science des écosystèmes plutôt que sanctionner des touristes sans cervelle. Et si un randonneur surprend un individu accroupi près d’un tronc mort ou aux aguets, alors chut… Camille ou Arnaud, techniciens forestiers en Vallée d’Aspe, cartographient la face invisible de la forêt : celle des lichens, champignons, insectes dans un îlot de vieillissement. L’une écoute la chouette de tengmalm en hiver. L’autre étudie un paysage qui sera peut-être notre refuge à la fin du XXIe siècle, quand la planète Terre sera aussi habitable qu’une étuve.
Randonner en forêt d’Aspe, c’est peut-être regarder l’avenir.
• Lien vers le site de l'Office National des Forêts - ONF.
• Merci à Camille Gizardin et Arnaud Giraudel, techniciens forestiers ONF en Vallée d'Aspe, pour leur patience à avoir répondu aux questions de l'auteur de l'article. Un grand merci à Michel Caillabet, Jean-Jacques Garcé-Lacoste et Jean-Louis Salanouve, techniciens forestiers et retraités de l'ONF, pour l'expérience qu'ils ont partagée avec chaleur autour d'un verre au café Le Permayou à Accous.
• La forêt au service du climat : chaque année, la forêt française absorbe 50 millions de tonnes de CO2 ou dioxyde de carbone. L'Institut Géographique National (IGN) partage ses données sur son site web.
• Pourquoi les sapins rouges des Vosges et les hêtres de Haute-Saône meurent-ils ? Comment adapter la forêt française au réchauffement climatique ? Sur le site The Conversation, Sandrine Brèteau-Amores (doctorante à l'INRAE) et Marielle Brunette (chargée de recherche à l'INRAE) ouvrent le carnet de santé de nos forêts. Puis elles proposent des pistes d'adaptation. Article disponible ici.
• En 2020, l'épidémie de Covid-19 a fait de la forêt un refuge. 7 habitants sur 10 y ont passé du temps. L'enquête a été menée dans le sud-ouest de la France, dont les Pyrénées Atlantiques. Deux chercheurs de l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE) révèlent que la sortie en forêt est le deuxième espace naturel le plus fréquenté, juste après la campagne et avant le littoral. Article à lire ici.
• Geoportail rassemble la cartographie officielle de la France. Ses vues aériennes d'une grande précision permettent de visualiser la forêt, commune par commune. Tapez votre commune dans le moteur de recherche : la vue aérienne apparaît. Accès à Geoportail avec ce lien.
* Page publiée le 21 février 2020, mise à jour le 10 septembre 2020. Texte, photographies : Erik Brissot, Centre de bien-être Le Corps S'éveille. Tous droits réservés.
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