Le silence est riche en nuances. Sarah Neef, sourde de naissance, raconte 27 ans d’apprentissage pour nouer une relation forte et sensible avec les mots, la musique, les gens. La peau résonne avec sa quête.
Le flux tendu gagne le monde médical. Voici une salle d’attente de cabinet équipée d’un haut-parleur. La secrétaire médicale appuie juste sur un bouton pour héler le patient suivant. Lorsque Sarah Neef se présente, elle annonce poliment à la secrétaire qu’elle est atteinte de surdité : un haut-parleur n’a aucun effet sur elle. Pourra-t-elle venir la chercher, lorsque son tour sera venu ? Puis Sarah s’installe dans la salle d’attente.
Une demi-heure plus tard, l’assistante ouvre la porte avec fracas : « Qu’est-ce que vous croyez Madame Neef ? Cela fait une éternité qu’on vous appelle ! Le haut-parleur est juste au-dessus de vous. Vous êtes sourde ou quoi ? »
Sarah Neef est née sourde. Elle fait partie des 0,04 % humains dits déficients auditifs qui commencent à percevoir un son à partir de 110 décibels, comme si elle marchait à côté d’un avion à réaction.
Ses parents optent pour le langage labial : ils rêvent que leur fille Sarah trouve sa place en société. Atout par rapport à la langue des signes : avec un entraînement intensif, la personne sourde s’intègre mieux dans le monde des entendants.
À condition que ces derniers prennent soin de se placer à proximité et de face : ainsi, Sarah décrypte le message sur les lèvres de ses interlocuteurs.
La lecture labiale exige une concentration visuelle de chaque instant sur une toute petite zone : la bouche. Des heures, des années d’exercices amènent une personne sourde à maîtriser le même vocabulaire que n’importe quel individu. Jusqu’à saisir les nuances entre les mots grésiller, craquer, souffler, grincer, crisser. Jusqu’à manier des termes abstraits tels que le verbe spéculer et ses synonymes : évaluer, prévoir, envisager.
À vingt-sept ans, Sarah Neef raconte dans un livre comment, de la naissance jusqu’à l’âge adulte, elle a escaladé une montagne. Son titre : Au rythme du silence.
L’autrice nous révèle que l’écoute dépasse les seules capacités de l’ouïe. Les graves, les aigus produisent des vibrations. Sarah va à un concert : elle « écoute par les pores » de sa peau. Les graves, elle les ressent dans les jambes et dans les pieds. Les aigus, elle les capte au niveau de la poitrine, de la nuque, en certains points du visage.
Sarah pose son regard sur chacun de ses interlocuteurs : une mimique, un frémissement lui en apprennent autant que le mot lui-même. Sarah s’applique à une attention de chaque seconde, comme si elle disposait d’un objectif grand angle ; jusqu’à percevoir que les véhicules autour d’elle se déportent sur la droite pour laisser passer un camion de pompiers, et se rabattre à son tour. Tout ceci au prix d’un effort de chaque instant.
Une personne sourde qui maîtrise le langage labial ne porte pas le mot handicapée sur son front. Elle se coule en société. Dans la foule, elle ne montre aucun signe de sa surdité. Elle mobilise la vue, l'odorat, le toucher.
Chaque jour, Sarah doit néanmoins s’appuyer sur des interlocuteurs de bonne volonté. À l’école, elle a besoin de s’asseoir au premier rang pour être à la juste distance des lèvres du professeur. Elle ne peut rêvasser en cours, les yeux au plafond, puisque ses futures notes dépendent d'une bouche sur l'estrade.
Dès qu'elle se concentre sur la confection d’un gâteau, il est inutile de la taquiner sur sa supposée froideur si l’on plaisante derrière son dos et qu’elle reste impassible. Lors d’un stage en entreprise, un collègue n’a pas à pester s’il lance « bonjour ! » en passant dans le couloir et que Sarah reste concentrée sur sa tâche.
Pourtant, Sarah Neef est confrontée à des scènes où l’incompréhension des entendants la fait douter. À commencer par l’expression sourde-muette dont l’affuble une psychomotricienne, alors que Sarah parle comme vous et moi.
Un prof de chimie plonge la salle dans le noir pour projeter un film et le commenter ? Sarah ne peut apprendre ce qu'est une molécule - mais elle ouvre son manuel le soir pour se mettre à niveau. L'école accueille une conférence ? Sarah doit s’installer au fond de la salle avec sa classe ; elle ne peut capter le message de l’orateur. Une prof monte une pièce de théâtre ? Sarah devient figurante alors qu’elle a prouvé, par la danse, qu’elle a la scène dans la peau.
Pour autant, la petite fille, puis l’adolescente, puis la jeune femme refuse toute pitié. Elle a juste besoin d’empathie. Les sms lui sont précieux pour garder le contact avec ses amis puisqu’elle ne peut utiliser le téléphone. Une réponse par sms est bienvenue pour nourrir un dialogue.
Sarah refuse à l’inverse de revendiquer un quelconque privilège. Elle n’exige rien. Elle refuse de se mouler dans la communauté des sourds qui communiquent entre eux par le langage des signes, sans lien vers le monde des entendants.
Elle se montre patiente. Elle explique pourquoi elle a besoin de s’asseoir dans un amphi sans fenêtre en face des yeux pour éviter d’être gênée par un soleil qui l’empêcherait de suivre le mouvement des lèvres du professeur.
Sarah lit. Sarah danse. Sarah apprend 5 langues dont le russe et le latin. Sarah obtient son baccalauréat avec une mention très bien. Sarah fait la fête - mais elle sait que dans le brouhaha, ses capacités à suivre les conversations seront limitées.
Après avoir hésité, elle entre à l’université pour étudier la psychologie. Là encore, les préjugés la freinent : « Sarah, avec votre handicap vous aurez des lacunes en communication », entend-elle lors de l’entretien de sélection. « Orientez-vous plutôt vers une profession axée sur l’écriture ». Or, Sarah Neef sait conduire un entretien en tête-à-tête.
Voilà pourquoi, aujourd’hui, elle est psychothérapeute dans un cabinet privé. Elle effectue aussi des missions dans le service de psychiatrie d’un hôpital public.
Parfois, certaines personnes en font trop : l'une parle avec lenteur ; elle exagère l’articulation de chaque mot, comme si la jeune femme était une gamine attardée. L'autre articule sans émettre un seul son : elle s’imagine que Sarah ne saisit pas la différence entre une bouche qui remue les lèvres et une bouche qui parle pour de bon. Or, les sourds et les malentendants ont une forte sensibilité aux vibrations. Sous la peau, jusque dans les os du crâne, les vibrations créent le son.
« Quand je vois vibrer la peau d’un tambour, lorsque j’observe le frémissement des feuilles d’un arbre, le cerveau fabrique l’image du son correspondant, écrit-elle. Je n’entends pas le vent souffler, mais lorsqu’un vent violent et glacé me fouette le visage, il m’arrive d’imaginer le bruit produit par le souffle de l’air. Pour moi, entendre et sentir sont une seule et même chose. »
Un jour, une copine lance : « Avec ta façon bizarre de parler, tu ne trouveras pas de mari. Ce qu’il te faut, c’est un sourd comme toi qui ne risquera pas d’entendre le son de ta voix ». Sarah vacille : aurait-elle échoué à acquérir l'élocution de sa langue ? En réalité, elle parle avec un léger accent qui évoque l’Europe de l’Est, ou la Suisse, ce qui fait le charme d’une étrangère qui maîtrise une langue tout en ajoutant le son d’une autre culture.
Une personne sourde craint de passer pour une idiote. Quand le son devient cacophonie, elle est perdue. À décrire trente années d’apprentissage, Sarah Neef construit un pont entre entendants et non entendants. Avec de la patience et de la compréhension, la frontière s’estompe.
Alors, le regard qui nous contemple pour lire sur nos lèvres devient le plus beau des regards. Il ne fuit pas. Il ne glisse pas vers le sol. Il est avide de comprendre le monde.
• Au rythme du silence, par Sarah Neef. Éditions Favre, Les 3 Orangers. Livre traduit de l’allemand par Sylvie Fumard.
. . .« Un jour, une masseuse m’expliqua, après la séance, que je ferais bien de me détendre avec des huiles essentielles dans la salle de repos.
« Elle me tendit un casque en m’expliquant : « Nous avons quatre morceaux de musique différents… ». « Mais je n’entends pas ! », l’interrompis-je brièvement. « Cela ne fait rien, reprend la masseuse. Je disais donc, nous avons quatre morceaux différents… ». « Mais je suis sourde ! », précisai-je. « Ce n’est pas grave. Donc nous avons quatre morc… euh… oh mon dieu, Madame Neef, vous avez raison ! Que j’ai honte ! Pardonnez-moi. »
« Dès lors, ce fut un flot d’excuses que je dus interrompre pour clore cet épisode aussi drôle que délicieux. »
• Centre de bien-être agréé par la Fédération Française de Massages Bien-Être.
• Annuaire des 1 000 praticiennes et praticiens agréés en France : www.francemassage.org.
• 64490 Bedous, Vallée d'Aspe, au sud de Pau et Oloron-Sainte-Marie, Parc National des Pyrénées, Région Nouvelle Aquitaine.
Le Corps S’éveille : depuis 2011, les gastronomes en massages du monde ont leur Centre de
bien-être agréé.
Centre de bien-être situé à Bedous, en Vallée d’Aspe, Béarn, Pyrénées, département des
Pyrénées atlantiques, région Nouvelle Aquitaine.
Département des Pyrénées atlantiques : Accous, Anglet, Arette, Bayonne, Bedous, Biarritz,
Guéthary, Hendaye, Lacq, Lasseube, Larrau, Laruns, Mauléon-Licharre, Monein, Mourenx,Oloron-Sainte-Marie, Orthez, Pau, Saint-Étienne-de-Baïgorry, Saint-Jean-Pied-de-Port, Saint-
Palais, Saint-Jean-de-Luz.
Autres villes situées à proximité du Centre de bien-être : Argelès-Gazost, Lourdes, Tarbes.
Cultivons un art de vivre dans les Pyrénées béarnaises, Pyrénées atlantiques, en Région
Nouvelle Aquitaine.
Centre de bien-être agréé par la Fédération Française de Massages Bien-Être (FFMBE).
Annuaire national des 1 000 praticiens agréés en France : www.ffmbe.fr.
Le guide des massages du monde : massage Lomi-Lomi, massage Pijat balinais, massage Shiatsu, massage Nuad Boran, massage suédois, massage aux pierres chaudes, relaxation coréenne, massage Ku Nyé, les points de Marma, massage Amma, massage Abhyanga, massage californien, réflexologie plantaire, massage Tui Na, massage Kobido, massage de la femme enceinte, massage Ayurvédique.. Informations sur les massages du monde avec ce lien.