Le toucher au féminin

« Ma rencontre avec les massages »

• Les photographies ont été prises au musée des beaux-arts de Pau, sauf la dernière photo prise en Vallée d'Aspe.

« Pour mon 40^ème anniversaire, j'ai reçu un étrange cadeau : une séance de massage.

« J'ai l'intuition que mes amis n’ont pas eu cette idée par hasard.

« Pour parler franchement, je ne suis pas à l’aise avec le mot toucher. De mon enfance, je garde la sensation de quelques gifles. Mes parents me répétaient : « Fais attention quand tu sors ». Mon corps a grandi de façon mécanique. J’ai fait des études supérieures qui ont accaparé mon intellect. Mes premiers amours furent davantage sexuels que sensuels.

« L'an dernier, je suis allée voir un spectacle de danse contemporaine. Sur scène, une femme et un homme composaient un duo d’une grande physicalité, tantôt dans la douceur, tantôt dans le défi. Ils se portaient, se roulaient par terre, s’étreignaient.

« Après la représentation, je suis allée à leur rencontre. Je leur ai demandé s’ils vivaient en couple. Ils m’ont regardée, ébahis. J’ai découvert ce jour-là que l’on peut pratiquer la danse contact, en faire son métier, sans pour autant être marié·e avec son partenaire de danse, même quand une main tient une cuisse pour les besoins d’une chorégraphie.

« J’aime suivre l’actualité et ses débats. Quand un journaliste met le mot toucher dans son article, c’est pour couvrir un fait divers lié à une agression sexuelle sur une femme ou un enfant. Le mot toucher est synonyme d’attouchements dans les médias. Un gynécologue est condamné pour avoir "touché" des patientes. Un homme politique démissionne car il est accusé d'avoir "touché" une collaboratrice. Une star aurait "touché" des enfants mineurs.

« Ou alors, il s’agit d’un article médical qui aborde le toucher sous un angle anatomique. Le mot entre dans un acte codifié lors d'une consultation.

« Bref, je m’étais habituée à l’idée que l’être humain ne dispose que de 4 sens : la vue, l’ouïe, l’odorat et le goût.

« Et à 40 ans, je me retrouve avec une carte cadeau massage bien-être dans les mains.

« Aussitôt, mon mental se met en marche. Je me persuade que je ne suis pas faite pour le toucher. Tout en moi résiste: craintes, pudeur, mon histoire personnelle, mes flirts, mes lectures, mon corps habitué à l’auto-subsistance.

« A la rigueur, je veux bien entrer dans un musée et contempler des nus peints ou sculptés. Mais me laisser toucher !

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« Ce soir, j’écris après avoir reçu le premier massage bien-être de ma vie.

« Car j’ai fini par prendre rendez-vous.

« Après tout, il suffisait juste de décrocher mon téléphone puisque mes amis s’étaient occupés du reste, jusqu’à choisir l’établissement qui leur semblait le plus professionnel.

« Un peu par goût de la provocation, j’ai pris rendez-vous un vendredi à 20 heures. Un massage après 20 heures, ça a un petit côté piquant, je trouve. Au bout du fil, le praticien a pris le temps de répondre à mes questions. Sur place, j’ai découvert le cadre qui installe une confiance. Mon cerveau enregistrait les détails d’un protocole qui respecte la pudeur de la personne, mais aussi son besoin d’être écoutée.

« En m’allongeant sur la table, recouverte d’un grand paréo, j’avais la sensation d’être un être humain à part entière, et non un corps à malaxer.

« Ce soir, je découvre mon corps avec une acuité toute neuve. Je sens mon crâne, mes cervicales, mon bassin, la paume de mes mains, mes mollets, la plante de mes pieds. Mon corps s’est réveillé.

« Pendant une heure et demie, je me suis nourrie. Au fil des minutes, le mot toucher a changé radicalement de sens. Il a résonné avec les mots bienveillance, respect, attention. J’ai découvert ce que signifiait un appui, un glisser, un étirement, un pétrissage, une vibration.

« Ce soir, mon corps est vivant. Je suis vivante.

« Mes amis ont eu la plus belle idée pour inaugurer ma 41^ème année. »

(1) Le prénom a été modifié afin de respecter la confidentialité d'un témoignage publié avec l'autorisation de son autrice. Les intertitres sont de la rédaction.

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. . .Marie-Claire Fabri, ingénieure de recherche en écologie marine à l'Ifremer, a la passion de la mer.

De Brest à Toulon, elle raconte son parcours, de la plongée de loisirs à la descente vers les abysses, jusqu'à 5000 mètres de profondeur.

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