Une halte imprévue sur l'autoroute des pensées

. . .En France, une personne sur trois déclare souffrir d’un manque de sommeil. Environ 10 % des troubles auraient une cause psychologique. Ces chiffres sont à prendre avec précaution (1) car la France manque de chercheurs et de données sur un thème qui concerne un nombre croissant d’adultes, enfants, adolescents.

Puisque les études manquent pour évaluer les causes de l’insomnie, les médecins, psychiatres, neurologues en sont réduits aux hypothèses. Parmi elle, la lumière bleue que dégagent les écrans, petits et grands, empêche le cerveau de se préparer à une nuit de repos.

Autre facteur : l’hyper-vigilance. Une civilisation qui accapare un cerveau, l’enjoint à produire toujours plus de raisonnements, multiplie les sollicitations, engendre une génération d’hyper-penseurs, ce qui accroît les risques de burn-out (2). La course des cerveaux oblige à garder un œil ouvert, jusqu’à consulter son smartphone en pleine nuit, au cas où une alerte clignoterait sur l’écran.

Le manque de sommeil est une souffrance aussi légitime qu’une douleur physique. Cette souffrance doit être entendue. Parfois, un traitement médicamenteux fait office de béquille. L’essentiel est de ne pas demeurer seul·e et désemparé·e.

Quels sont les autres remèdes possibles à l’insomnie ? Les thérapies tentent de réinstaller un peu de douceur dans les cerveaux surmenés. Parmi elles :

• L’EMDR utilise la stimulation sensorielle des deux côtés du corps, soit par le mouvement des yeux, soit par des stimuli auditifs ou cutanés ;

• Les thérapies comportementales et cognitives sont des psychothérapies de durée brève.

Aucune thérapie ne fait ses preuves à coup sûr, tant les causes et la manière de vivre une insomnie sont diverses.

Depuis quelques années, les médecins orientent les patients vers des méthodes alternatives telles que la méditation, l'hypnose, les cures thermales.

La déontologie du métier implique de rappeler que les massages n’entrent pas dans la catégorie des thérapies.

Quand bien même une minorité de praticiens surferaient sur la confusion entre prévention santé et thérapie, les anxieux, les insomniaques ne peuvent exiger d'un massage qu'il ait un pouvoir guérisseur.

Faut-il alors ranger les massages bien-être au rayon des gadgets ? Un tel verdict serait tout aussi excessif.

Au Centre de bien-être Le Corps S’éveille, chaque séance s'ouvre par quelques mots. Alors, il arrive que le praticien entende un cri du cœur :

« Après ma dernière séance,
j’ai dormi comme un bébé ! »

Même avec un panel de témoignages, les données scientifiques manquent. Les praticiens en massages en sont réduits aux hypothèses.

Il est possible qu’un toucher bienveillant et structuré tel qu’un massage rappelle à la personne massée une sensation d'enfant. Si celui-ci a grandi dans une famille où régnaient paix et harmonie, alors il a reçu la tendresse qui crée une confiance, jusqu'au sommeil réparateur. Mais si l'insécurité règne dans le foyer, la qualité du sommeil peut s'altérer.

Glisser, pétrir, vibrer, étirer : même si les techniques de massage n’ont aucun rapport avec les gestes dans la vie privée - caresser, bercer, câliner -, le langage tactile des massages résonne avec les besoins vitaux d’un être humain.

D'autre part, on constate que plus l'enfant grandit, plus le toucher se codifie : se serrer ou non la main ; se faire ou non la bise. Les massages bébé sont devenus à la mode. Mais ils ont la limite de l’éphémère. À l’adolescence, il devient hasardeux de se prendre dans les bras au sein des familles. La distanciation sociale s'installe.

Les massages ont un mérite : ils rétablissent et prolongent le droit au toucher. Ils rappellent que le toucher est une nourriture à chaque âge de la vie. Loin de faire régresser l’adulte qui le reçoit, un massage assoit et structure une personne. Il ouvre un vocabulaire tactile. Il régule le flot des pensées. Il réveille l’imaginaire.

À leur modeste place, les massages peuvent ouvrir un passage naturel entre veille et sommeil.

Il serait imprudent d’affirmer que massages et relaxations endiguent les insomnies. Un massage bien-être invite la personne à revisiter sa maison corps. Il crée des points de suspension dans un flux de pensées répétitives. Il réhabilite la place des sensations, du sommet du crâne à la plante des pieds, avec le sens du détail.

Les mouvements associés aux massages invitent à se mettre dans l'état d’une poupée de chiffon. Les muscles se relâchent. Les pensées flottent. Alors naît une sensation de mieux-être.

Les massages ravivent une sensibilité au toucher. Ils sécurisent. Ils interprètent la petite musique de la douceur. Ils ne font pas de miracle. Ils ont leur chapitre dans le livre des ressources santé.

(1) Chiffres cités sur France Culture, émission La méthode scientifique, le 30 janvier 2017.

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À ce jour, les chercheurs identifient 70 pathologies du sommeil, classées en 6 catégories :

• Les insomnies : la personne a des difficultés à débuter son sommeil ou à le maintenir ;

• Les troubles respiratoires du sommeil. Exemple : l’apnée du sommeil ;

• L’hypersomnie : le cerveau produit un excès de sommeil, avec un défaut du sytème d’éveil ;

• La parasomnie : la personne a des comportements anormaux pendant son sommeil : somnambulisme, terreurs nocturnes, éveils confusionnels ;

• Les troubles moteurs du sommeil : la personne a des mouvements réguliers du corps pendant son sommeil (balancement, par exemple) ;

• Les troubles circadiens : la personne a une horloge interne qui la pousse à se coucher de plus en plus tard, ou au contraire de plus en plus tôt, avec des conséquences sur l’heure du réveil (de 4 heures du matin pour les couche-tôt à midi pour les couche-tard).

➣ Source : Isabelle Arnuf, neurologue, directrice de l'unité des pathologies du sommeil de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, interviewée sur France Culture le 30 janvier 2017 dans l’émission La méthode scientifique animée par Nicolas Martin.

• 2/3 des Français ne se disent pas reposés après une nuit de sommeil

• 1/3 des Français s’estiment en déficit de sommeil

• 10 % des Français ont des insomnies chroniques

• La durée d’une nuit de sommeil a diminué de près d’1 heure en 25 ans, surtout chez les adolescents.

. . .(2) Le burn-out est une dépression consécutive à un surmenage qui entraîne une saturation de l’organisme.

Le burn-out est souvent décrit comme la maladie des cadres. En réalité, le surmenage guette toutes les strates de l’entreprise et de l’administration : les injonctions de productivité pèsent sur les ouvriers, techniciens, employés.

Le surmenage menace aussi les adultes qui ne trouvent plus de sens à leur travail : l'ennui face à des tâches absurdes transforme le cerveau en cocotte-minute.

N'oublions pas non plus les personnes sans emploi et les précaires qui s’épuisent à rechercher des solutions pour s’en sortir, jusqu’à en faire des cauchemars la nuit. L’ennui, l’isolement, la quête éperdue d’une issue épuisent un cerveau.

Le burn-out prend sa source dès qu’une personne perçoit que tout lui échappe. Elle gamberge pour reprendre pied, jusqu’à s’écrouler physiquement et psychiquement, avec un sentiment d’impuissance. La civilisation occidentale du XXIème siècle est un terreau propice au burn-out.

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. . .Sommeil paradoxal, sommeil polyphasique, privation de sommeil, hibernation, estivation, dormance, sieste, insomnie... Chez les animaux comme chez les humains, voici le sommeil dans toutes ses phases et toutes ses positions, avec la verve hallucinogène deBalade mentale.

Le film a été tourné au studio Papaï, La Rotonde, École des Mines de Saint-Étienne.

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