L’eau qui soigne et chuchote

• Bains de Chichit et Bains de Chechit : les deux orthographes cohabitent en Vallée d'Aspe.

La source ferrugineuse qui alimente les bains de Chichit est connue depuis l’Antiquité. On la boit pour soigner l’anémie et les reins. On s’y baigne pour apaiser les rhumatismes. Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, on ne sait pas à quoi ressemblaient le captage et la source du bâtiment. On suppose qu’il y avait une simple cabane, plus modeste que celle qui fut construite en 1777 avec l’ajout d’une chaudière à bois et d’un logement pour le gérant. L’équipement est encore rudimentaire avec trois baignoires en bois que l’on remplit avec des seaux d’eau chaude et dont on habille les parois d’un drap pour éviter les égratignures.

Les baignoires en bois sont ensuite remplacées par des baignoires en zinc, à la mode des années 1930. Elles sont disposées dans trois salles desservies par un couloir. Une tuyauterie en plomb achemine l’eau chaude à chaque baignoire, depuis la citerne en cuivre de la chaudière. Le gérant puise l’eau de la source ferrugineuse dans le regard façonné à gauche du foyer de la chaudière.

L’accès aux bains de Chichit est bon marché car ceux-ci appartiennent à la commune qui fournit le bois de chauffage au gérant des lieux.

À partir de 1880, le conseil municipal d’Aydius encourage la population à venir se laver aux bains de Chichit. On suit ainsi les directives de l’État qui promeut l’hygiène et entend lutter contre les maladies infectieuses. Nous sommes à l’âge d’or du thermalisme pyrénéen. Les bains ont un vif succès, ce qui permet d’entretenir le bâtiment jusqu’à la veille de la Première Guerre mondiale.

Les bains accueillent en moyenne une dizaine de villageois par matinée. Eugène Capdarest, employé par la commune d’Aydius, est le dernier à s’être occupé des bains dans les années 1930. Il reçoit les habitants d’Aydius qui arrivent à dos d’âne car il n’existe pas de route pour rejoindre l’établissement.

Laissés peu à peu à l’abandon après la seconde guerre mondiale, les bains tombent dans l’oubli. L’éloignement du centre du village et les crues du Gabarret font le reste. Le confort moderne arrive au village à partir des années 1960 : eau du robinet, électricité dans chaque maison.

Cinquante années durant, on n’entendit plus parler de Chichit, la source qui susurre ou chuchote.

En 2019, la commune d’Aydius décide de sauvegarder le lieu. Une équipe d’insertion consolide le bâtiment, puis crée une passerelle en bois qui enjambe le Gabarret. À terme, une équipe de bénévoles prolongera le sentier en altitude. Les bains de Chichit deviendront alors une halte rafraîchissante pour les randonneurs en Vallée d’Aspe.

• Accès aux bains de Chichit : sentier de randonnée balisé en jaune à partir du village d’Aydius. Compter trente à quarante minutes de balade pour rejoindre le site des bains, son bâtiment restauré, sa passerelle au-dessus du gave.

• Le Corps S’éveille remercie l’auteur anonyme qui a rédigé, puis mis en forme l’histoire des bains de Chichit sur deux panneaux dont l’un montre le plan des lieux, l’autre les billets d’entrée rédigés à la main.

° Gave = rivière en Béarnais.
* En Vallée d'Aspe, on dit tantôt Bain de Chichit, tantôt Bain de Chechit. Les deux appellations sont valables.

* Page publiée le 12 septembre 2019, mise à jour le 28 août 2020. Centre de bien-être Le Corps S'éveille. Tous droits réservés.