Toucher les limites d’un métier

• Image en vignette : sentier en lacet dans les Pyrénées béarnaises, Vallée d'Aspe.

« Ce jour est un événement : je vais aller me faire masser ! À mon anniversaire, j'ai reçu une carte cadeau massage bien-être. Mon corps mûrit. Je veux prendre soin de moi, mieux profiter de la vie. Surtout, je veux préserver ma santé.

« Je marche vers mon rendez-vous massage avec la certitude que je vais vivre un moment exceptionnel. Je vais être apaisé, vivifié ! Je vais recevoir une pluie de sensations qui vont me relaxer. Mon corps en frémit déjà ! »

• Dans la vie, une forte attente déclenche parfois une goutte de frustration. Le praticien découvre une personne. La réciproque est vraie aussi. Ajuster un massage qui résonne avec un besoin demande parfois un peu de temps.

« Je connais mon corps. Je sais en quoi le toucher me procure un plaisir. C’est mon jardin secret.

« Je ne suis pas sûre que mes partenaires aient deviné ma partition du plaisir. Des rencontres me marquent plus que d’autres. Soyons lucide : un corps à corps idéal, c’est partir en quête du Graal.

« Je sais qu’un massage bien-être n’a rien à voir avec une chorégraphie amoureuse. J’attends malgré tout de la séance qu’elle réponde à ma sensibilité au toucher, de la tête aux pieds. »

• Même avec de l’expérience, un praticien a peu de chances d’interpréter le massage qui orchestrera à la perfection la mélodie secrète de la personne massée.

• Un massage bien-être reste une expérience. Au bout de la route, il n’y a pas d’ascenseur direct pour l’éden. Au fil des séances, le praticien écoute les retours de la personne pour façonner un massage qui tende vers un mieux-être, à défaut du sacro-saint bien-être.

« Je marche vers mon rendez-vous massage avec allégresse. Je vois le film de la séance : je visualise les lieux, dessine une ambiance, dresse le portrait de la praticienne qui m’accueillera dans quelques instants.

« Comme si j’avais écrit à l’avance le scénario de mon bien-être. »

• Une personne qui entre dans un centre de bien-être est parfois déroutée : matières et couleurs balaient les clichés qui se répètent d'instituts en spas.

• Parfois, la praticienne en massages est un praticien. 5 % des praticiens agréés par la Fédération Française de Massages Bien-Être sont des hommes. Les clichés sur les métiers dits féminins et masculins ont la vie dure.

« La première fois que j’ai reçu un massage, c’était en Thaïlande. Quel souvenir ! Certes, le massage était un peu rude. Je suis sorti de là courbaturé.

« À présent, je sais ce qu’est un vrai massage ! »

• Il existe une cinquantaine de massages : autant de recettes que chaque praticien cuisine à sa manière. Un professionnel possède une touche qui résonne avec sa personnalité.

• Il est peu probable qu’elle - ou il - reproduise à la nuance près le massage thaï (ou lomi-lomi, japonais, balinais) qui a marqué la personne, deux ou dix ans auparavant. De plus, les praticiens agréés FFMBE n’utilisent pas les techniques de rééducation qui s’apparentent aux gestes du kinésithérapeute ou de l’ostéopathe. Chaque massage reste une découverte.

« J’avais imaginé le portrait idéal de la praticienne ou du praticien qui allait me recevoir. Zut alors ! Sa tête ne correspond pas du tout à l’idée que je me faisais du personnage ! »

• Photographies dans les médias, posters affichés dans les spas dessinent le portrait-robot de la praticienne bien-être au sourire énigmatique. Nous sommes ici dans les standards de la beauté.

• Les praticiennes, les praticiens en massages bien-être sont des êtres humains comme les autres.

« Aujourd'hui, rien ne se passe comme prévu. J’ai une altercation avec mon fils. Mon chef de service me convoque. Une lettre recommandée m'attend à la Poste. Serai-je à l'heure ? Qu’y a-t-il à l’intérieur ?

« Ah oui, j’ai rendez-vous ce soir pour un massage. J’espère ne pas être en retard. Pressons, pressons. »

• L’entretien qui ouvre une séance permet au praticien, dans la mesure du possible, de mesurer l’état intérieur de la personne. Quelques mots échangés mènent à un massage le plus ajusté possible. Il ne dérive jamais vers une thérapie improvisée.

• Le praticien ne peut deviner ni les pensées ni les émotions d’une femme ou d’un homme. Les mots ne disent pas tout.

« J’ai reçu cette carte cadeau il y a six mois. Mon conjoint, ma mère me poussent à y aller. Bon, si c’est pour leur faire plaisir… »

• Même si le cas est rare, tout praticien est confronté un jour ou l'autre à une personne dont les signes montrent que le degré de motivation est proche de zéro. Que faire ?

• Il est souvent plus aisé d’offrir à autrui le plaisir que l’on n’ose pas s’offrir à soi-même. On transfère son besoin de bien-être sur un proche. S’offrir un massage reste un choix courageux, à une époque où dominent les critères de performance et d’abnégation.

• Certains massages bien-être ont de la sobriété, pour que l’expérience demeure acceptable par la personne venue presque à reculons, munie de sa carte cadeau. La personne en sortira peut-être étonnée.

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À la gare s'affiche la destination : bien-être. Le voyage aura bien lieu. Peut-être empruntera-t-il des voies de traverse. Peut-être y aura-t-il des arrêts imprévus.

Le train démarre, accélère, ralentit. Le contrôleur ne passera pas. Aucune importance : le billet pour le bien-être reste valable pour toute une vie.

Personne ne connaît l’heure d’arrivée à destination. Bien-être est une contrée qui s’invente à chaque trajet.

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• Le Corps S'éveille est aussi un guide sur les massages bien-être.
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