Un massage, des écrans

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Ouvrons cette chronique par une question un brin provocatrice : en 2025, qui a encore envie de se faire masser ? De nos jours il y a la guerre en Europe ; la menace semble se rapprocher. La démocratie tangue, y compris à la Maison Blanche. Le climat se dérègle. L’inflation repart. L’étranger fait un peu peur, surtout s’il est d’une autre couleur. Quant aux relations entre les femmes et les hommes, elles flanchent depuis la vague #metoo. Dans un tel contexte, se faire masser serait-il un peu fou ?

D’autant que, l’air de rien, faire des découvertes devient l'exception. Chacun ou presque a son groupe : au club, au travail, sur Facebook. Des algorithmes choisissent ce que nous allons voir et entendre. Bientôt l’IA répondra à la question que nous n’avons pas encore posée. Quand tout ou presque est programmé, existe-t-il encore des chemins de traverse ? Et puis un massage, ça semble un brin risqué.

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Car depuis #metoo, il pleut des révélations sur les abus au cinéma, en politique, dans le sport, derrière un plateau télé. D’un côté, le prédateur. De l’autre, la proie. De procès en procès, « la honte doit changer de camp ». Au fil de l’actualité, on se fait prudent. Quelle intention se cache derrière un regard ? Quel piège se dissimule derrière une invitation ? Toute rencontre se charge de risques. Alors s’allonger sur une table de massage ? À l’heure de l’hyper-vigilance, qu’il est dur de fermer les yeux.

D’ailleurs le toucher n’est plus un sens comme le goût ou l’odorat, mais la porte d’entrée aux fantasmes et aux abus. Une frustration plus tard, le massage est fatalement sexuel. Ou alors le toucher est médical, le temps d’une palpation dans un cabinet. La tendresse se cantonne au foyer familial. Et encore : dans les années 2020, un mariage sur deux se conclut par un divorce. Et puis il y a des enfants battus. Masser par amitié, est-ce la recherche du temps perdu ?

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Qui plus est, les femmes sont sur leurs gardes. De scandales en scandales, l’homme revêt le costume du loup. Toucher devient frapper. Ou alors battre, dominer, abuser. Comme si la musique se réduisait à un requiem, ou la cuisine à un cornet de frites. Or les massages forment une gamme de nuances. Soulever, porter, glisser, balancer, étirer, pétrir, déposer : où sont passés les gastronomes du toucher ?

Quand le Centre de bien-être Le Corps S’éveille a ouvert en 2011, des clients arrivaient la mine gourmande. Ils avaient envie d’un voyage tactile, avec du doigté, mais aussi de la virtuosité. En 2025 le Centre de bien-être accueille des femmes et des hommes qui, en Inde ou au Japon, ont découvert une chose étrange : les massages y font partie de la vie quotidienne. Mais ce sont des femmes et des hommes qui voyagent. Or le Centre de bien-être a une valeur cardinale : mettre les massages à la portée de chacune et de chacun. D’où le code de déontologie et les règles de civilité qui encadrent une séance.

En outre le Centre de bien-être entoure un massage d’une touche de laïcité. Ici ni soin, ni transformation, ni guérison. Juste une nourriture tactile que précèdent quelques mots pour ajuster les techniques de massage au besoin de chacune et de chacun. Plus long sur le crâne ? Éviter la voûte plantaire ? Faire attention à une épaule douloureuse ? Chaque séance s’appuie sur un bagage technique, mais aussi sur un bref entretien pour qu’un massage résonne avec une personne. Au Centre de bien-être, aucun massage ne porte de nom ésotérique : les yeux fermés, gardons les pieds sur terre.

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Alors même si la guerre menace, même si le climat se dérègle, même si la méfiance régit les relations entre les femmes et les hommes, le Centre de bien-être Le Corps S’éveille continue à accueillir les tactiles du monde entier : dans une vallée de montagne le corps se dépense, à pied ou à vélo ; puis il se dépose avec une huile de massage bio.

Et si les massages, c’était une façon discrète de résister ?

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• Même si le massage duo est à la mode, un massage en 2025 est individuel, car personnalisé. Quelques mots ouvrent la séance pour ajuster les techniques au besoin de chacune et de chacun.

• Même s’il pleut des massages sexuels sur Internet, un massage en 2025 obéit à un code de déontologie. L’agrément France Massage® en apporte la garantie.

• Même si les massages se pratiquent à la chaîne dans les spas, en 2025 des professionnels aguerris exercent en cabinet ou en centres de bien-être indépendants.

• Même si les massages se réservent en ligne, en 2025 une brève conversation au téléphone permet à la praticienne ou au praticien de donner les justes conseils, puis de proposer un rendez-vous adapté à l’emploi du temps de chacune et de chacun.

• Même si le consommateur exige d’être satisfait sur-le-champ, un massage en 2025 implique de prendre rendez-vous : le professionnel n’a que deux bras et deux jambes.

• Même s’il est devenu usuel de déraper, en 2025 les massages s’entourent de règles de civilité.

• Même si les massages semblent s'adresser à un public spécialisé, en 2025 appliquons la démocratie du toucher.

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Dans quel pays du monde est-on le plus heureux ? L’institut Gallup a invité tous les sondés du monde à classer leur perception du bonheur sur une échelle de 1 à 10. Le rapport publié le 20 mars 2025 hisse les pays scandinaves dans le Top 10 : Finlande, Danemark, Islande, Suède, Norvège y figurent dans cet ordre.

À l’inverse, un pays dégringole dans le classement : les États-Unis. 24e au lieu de 12e en 2012, le pays connaît une hausse vertigineuse de suicides par désespoir. C’est aussi le pays où les gens qui mangent seuls ont augmenté de 53 % en vingt ans.

Et la France ? Elle se situe à la 33e place, à côté de l’Arabie saoudite. Perte de sens, méfiance envers les autres, pessimisme : les Françaises et les Français ont beau vivre dans un pays en paix, le bien-être est en berne depuis plusieurs années.

Moralité : l’argent fait (un peu) le bonheur, puisque les pays les mieux classés sont aussi les pays les plus riches. Mais ce n’est pas le seul critère : dans deux pays comme le Mexique et le Costa Rica, le bien-être grandit car les liens sociaux persistent, notamment lors des repas. Mais surtout, la confiance dans les autres est un facteur déterminant.

…et c’est ainsi que les pays où les massages se pratiquent le plus volontiers sont les pays où le bien-être, donc la confiance en autrui, sont les mieux partagés.

• Accès au World Happiness Report 2025 avec ce lien en anglais.

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• Chronique mise en ligne le 21 mars 2025.