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La saga du maillot de bain


De l'Antiquité à nos jours, Audrey Millet raconte l’histoire du maillot de bain. Plus long ? Plus court ? Le maillot est élastique et politique.

Du jupon au topless : et demain ?

Les dessous du maillot de bain. Ancienne styliste, docteure en histoire, spécialiste de l’habillement, Audrey Millet ouvre la garde-robe de la nageuse et du nageur. C’est l’histoire d’un effeuillage sur trois siècles. Le maillot raconte la pudeur, le plaisir, le business, jusqu’aux doutes des années 2020.

. . .La saga du maillot de bain. A Joke on the Beach. Carte postale de 1904. New-York Public Library.Une star en prison. Annette Kellermann, vedette australienne du vaudeville et championne de natation, est arrêtée en 1907 à Boston : elle porte une combinaison qui colle à sa peau. La tenue dévoile ses bras et ses jambes. Elle vient de traverser Paris à la nage. Elle est arrivée en quatrième position, devant une armée de nageurs hommes. Indécence ou performance ? Son procès fera jurisprudence : le juge statue en faveur de l’argument sportif. Avec le maillot d’Annette, le monde retient son souffle.

Dans son livre Les dessous du maillot de bain, Audrey Millet raconte le lent et méthodique effeuillage des femmes, de l'époque gréco-romaine à nos jours. Pourtant, l’histoire commence mal : jusqu’au XVIIe siècle, il n’y a personne ou presque au bord de l’eau. La mer fait peur : elle monte et descend sans explication ; elle se déchaîne sans prévenir ; elle charrie des cadavres d’animaux ; elle sent mauvais. Les rares bains sont pris dans quelques châteaux.

La saga du maillot de bain. Cabines de bains à Ostende. Carte postale des années 1900. New-York Public Library.Quand les philosophes des Lumières écrivent de belles pages sur la nature, rois et comtes s’enhardissent. D’autant que la médecine découvre les bienfaits de l’eau pour la santé : elle agit sur les fibres, régule la circulation sanguine, améliore l’humeur. Loin des villes puantes, la noblesse manifeste un désir de rivages. Les hommes portent gilet et pantalon jusqu’aux chevilles. Les femmes enfilent une blouse ou une chemise à manches longues. Le plaisir de se baigner irrigue les populations aisées, mais la morale chrétienne veille : tenues couvrantes, interdiction de la mixité, regards contenus.

La plage naît au XVIIIe siècle, mais la baignade reste compliquée. Le soleil est un ennemi : il faut garder la peau blanche car telle est la norme pour rester en beauté. Alors les machines à bain gagnent les stations balnéaires. Des chevaux tirent des cabanons montés sur roues. Ils mènent le baigneur du rivage à la mer. À l’abri, la personne se change : le cérémonial en six étapes implique l’assistance d’un accompagnateur ou d’une servante. Un auvent protège des regards quand la baigneuse ouvre la porte. Les femmes lestent leur chemise longue de poids, logés dans l’ourlet, pour éviter que la tenue de bain ne se soulève avec les vagues. Elles nagent en général le matin ; les hommes l’après-midi. Un drapeau de couleur indique quel sexe peut entrer sur la plage. Mais l’essentiel des activités se déroule sur la côte : promenades, lectures, jeux.

Baignade santé, baignade plaisir

À Washington, au bord du bassin de Tidal, le policier Bill Norton mesure la distance du genou au costume de bain pour s’assurer qu’elle fait moins de 6 pouces, soit 15 centimètres. 30 juin 1922.Coup de théâtre à la fin du XIXe siècle : la médecine découvre les bienfaits du soleil pour la santé humaine. Il faut se découvrir… mais pas trop. Avec l'invention des miroirs sur pied, les femmes et les hommes peuvent contempler leur silhouette en entier. Une nouvelle idée du « beau corps » bannit les corsets. Mollets, puis avant-bras se dénudent sur la plage. Les femmes emportent avec elles bonnet, chaussures, ombrelle, chemise, ce qui rend la garde-robe complexe et onéreuse pour se rendre à la plage. Les hommes portent un pantalon bouffant et un turban, dans le style turc. On ne parle pas encore de bronzage, mais on s’en approche : le teint hâlé est désormais toléré.

Mais la médecine du XIXe siècle insiste : ce n’est pas tout de prendre un bain de soleil, il faut bouger ! L’activité physique entretient la santé. Elle procure du bien-être. Elle rend l’organisme plus résistant. Le pèse-personne arrive dans les foyers. Obésité, ou comment la soigner ? Cette fois, il faut non seulement aller dans l’eau, mais nager. La natation est recommandée aux hommes et aux femmes. Un nouveau modèle féminin arrive d’Amérique : une silhouette aérienne et athlétique. Dans l’eau, la femme porte désormais un pantalon et une chemise à manches courtes. Les hommes enfilent un caleçon. Il faut que la tenue de bain colle mieux à la peau pour libérer les mouvements des bras et des jambes. Après les crèmes blanchissantes, les crèmes bronzantes font leur apparition. Désormais, on ne dit plus « tenue de bain » mais « maillot de bain ».

Carte postale montrant la plage de Long Beach en Californie en 1903 - 1904. New-York Public Library.Au XXe siècle, les slogans commerciaux succèdent aux arguments médicaux. De nouvelles normes sont définies en Amérique pour aller dans l’eau. Les usines de tricotage fabriquent des maillots plus courts, plus ajustés, qui gagnent en élasticité. La société américaine Jantzen diffuse ses premières publicités pour des tenues moulantes qui remodèlent la silhouette. Pinces et coutures élastiques relèvent la poitrine. Les frères Adamson lancent le maillot en Lastex qui moule le ventre, la poitrine, les fesses. Outre-Atlantique, des chefs d’entreprise font fortune grâce aux stars qui posent avec leurs nouvelles créations. La mode décrète qu’il faut changer de maillot chaque année. Le style est de plus en plus sportif et coloré. Le style californien, avec son point élastique et ses bandes horizontales, conquiert le monde avec trois tailles (S, M et L) qui lancent la production en séries.

En 1930, le maillot de bain est à la croisée des chemins. D’un côté, l’Église ordonne : « Restez chrétiens à la plage » ; des maires prennent 250 arrêtés pour codifier les comportements balnéaires entre 1925 et 1935. De l’autre, les stylistes français contournent les interdits en créant des découpes dans le dos et sur les côtés pour les fabricants américains. Certains maillots dénudent le dos jusqu’aux reins. En 1940, les hommes ne portent plus qu’un boxer, ce qui rend visible leur poitrine. Les femmes découvrent de nouveaux effets dans le tissu tels que le gaufrage, la maille et la dentelle qui redessinent leur corps tout en l’offrant en spectacle. L’entrejambe d’Annette Kellermann choque certains regards, mais les valeurs patriotiques aux États-Unis balaient les réticences : désormais, le corps féminin, svelte et sexy, devient l’étendard de la puissance d’un pays. La revue Marie-Claire écrit : « le soleil combat l’acné ». C’est faux, mais magazines et industrie de la mode font cause commune. Le plastique investit le maillot : mousses et caoutchoucs soutiennent les seins, rembourrent les épaules. Une coque recouverte de nylon souple et extensible projette la poitrine en avant.

La pudeur devient une faiblesse

La saga du maillot de bain. Pensarn Beach. Années 1860. Photo de Francis Bedford. metmuseum.org.Puis le bikini emporte tout sur son passage. En 1946, Louis Réart, ingénieur automobile reconverti dans la fabrication de tricots, invente le maillot deux pièces qui dévoile pour la première fois le nombril. Il le nomme « bikini » car au même moment, la France réalise son premier essai nucléaire sur l’atoll de Bikini dans l’océan Pacifique. « Bombe atomique », la tenue est portée par la danseuse Micheline Bernardini lors d’un défilé de mode à Paris : deux triangles de tissu reliés par deux ficelles autour du cou pour le haut ; deux triangles de tissu reliés par des ficelles pour le bas. En réalité, le bikini est né dès 1932. Jacques Heim le nomme « Atome », mais il ne découvre pas encore le nombril. La Belgique, l’Espagne, l’Italie interdisent aussitôt le bikini. Le New-York Times écrit : « la popularité du bikini est un mystère ».

Dans les années 1970, l’effeuillage des femmes s’achève. Le topless se révèle l’ultime étape. Il suffit d’avoir un bikini, puis d’enlever le haut selon son humeur. Les femmes chaussent des lunettes de soleil en forme de félin ou de papillon. Aujourd’hui, les femmes sur les plages portent tantôt un maillot une pièce, tantôt un bikini, tantôt un topless, avec des accessoires tels que le paréo pour se découvrir puis se couvrir, au gré des circonstances. Les hommes choisissent de se recouvrir un petit peu : après le slip de bain, le boxer revient en force pour cacher le fessier. Le short long se porte sur la plage, y compris pour se baigner.

Après les injonctions de la médecine jusqu’au XIXe siècle, quelques cm² de tissu font la fortune d’une industrie au XXe. Le naturisme débute en France à partir de 1950 avec le centre héliomarin de Montalivet. Il se répand dans les années 1970 : la nudité devient un argument politique pour défier l’autorité. Mais le naturisme à la plage reste marginal comparé aux millions de maillots de bain qui se vendent chaque année. De nos jours, les maillots ont des fibres sculptant, des motifs fluo, des imprimés tigrés. Ils moulent des seins pigeonnants. Ils luttent contre la cellulite. Ils laissent passer les rayons UVA pour bronzer (un peu) sous le maillot, évitant ainsi les marques sur la peau. Ils donnent l’alerte via une Application quand menace le coup de soleil. Ils se fabriquent avec des matières végétales - huile de ricin, amidon de maïs - pour avoir un alibi écologique avant d’acheter. Quoi qu’il en soit, ils participent à la pollution des mers : 35 % des microplastiques rejetés dans l’océan viennent de l’industrie textile.

Féministe, le maillot de bain ?

Old Orchard Beach, Maine. Photographie de John Marshall. New-York Public Library.Peut-on parler de « libération de la femme » par le maillot de bain ? Certes, des militantes féministes ont agi pour libérer les femmes d’un carcan vestimentaire, puis leur ouvrir les portes du sport en les affranchissant de l’obligation de plaire. Mais la quasi-nudité à la plage a un revers : de plus en plus de femmes anxieuses à l’idée d'enfreindre les mesures de la silhouette idéale font de l'anorexie ou de la boulimie. Elles commencent un régime - mais celui de Weight Watchers aboutit à un taux d’échec de 84 % au bout de cinq ans (1). Elles consacrent des sommes importantes en chirurgie plastique. Les photos retouchées des modèles, sur les affiches puis sur Instagram, imposent une vision inaccessible de la beauté : une paire de jambes à rallonge est le résultat d'une image traitée avec un logiciel.

Quelques fabricants tels que Rose Marie Reid créent des maillots de bain qui s’adaptent à chaque contexte : natation, loisir, bronzage. Ses drapés et ses rayures s’adaptent à chaque silhouette. Mais une contre-vague semble monter. D’une part, la médecine (toujours elle !) alerte sur les dangers du soleil : 80 000 cancers de la peau chaque année en France, soit le premier de tous les cancers. D’autre part, une partie des femmes réclame le droit de se revêtir. En 2006, à la demande de la Fédération australienne de natation (SLSA), une styliste australienne d’origine libanaise, Aheda Zanetti, crée un maillot qui recouvre le corps des femmes, à l’exception des mains et du visage. Elle le nomme « burkini », soit la contraction de burqa et bikini. Contrairement à une idée répandue, ce maillot de conception contemporaine n’a aucune histoire dans le Coran, d’autant que la région musulmane interdit la mixité au bain - plage, piscine. Utilisé au départ par des nageuses musulmanes en Australie, le burkini se répand dans le monde, avec des polémiques sur les plages et dans les piscines - Belgique, Pays-Bas, puis France. Deux conceptions de la laïcité s’opposent dans les médias. En France, le débat gagne en virulence. Comment sortir par le haut d’une polémique ?

En conclusion de son ouvrage, Audrey Millet ouvre une piste : « Plutôt que d’être sources de complexes ou de jugements, les moments en maillot de bain peuvent devenir des occasions de se réapproprier son corps. Au bord de la mer ou de la piscine, ils donnent l’occasion d’un nouveau rapport intime au corps. On cache peu. On se voit beaucoup. Se découvrir corporellement permet aussi de s’accepter (…). Le maillot de bain pourrait prendre une portée politique qui renverserait le côté futile ou sexiste qui lui est attaché. Le maillot comme symbole féministe : pourquoi pas ? » À condition de mieux encadrer le business du corps qui déshabille puis rhabille les femmes sans scrupule. Peu à peu, l’injonction de plaire gagne la sphère masculine. Liberté de choisir son maillot de bain, dans le respect des règles d’hygiène : la prochaine étape ?

Les dessous du maillot de bain : une autre histoire du corps. Essai d’Audrey Millet paru aux éditions Les Pérégrines.

Astuce : mieux qu’un maillot de bain, un slip en coton se révèle plus confortable au cours d’un massage. Au Centre de bien-être, un slip jetable en sachet individuel se trouve dans l’espace vestiaire pour Madame.

(1) Source : page 203 du livre d'Audrey Millet.

Où se baigner en Haut-Béarn ?

Le gave du Gabarret à Bedous, Haut-Béarn. Piscine d’Oloron-Sainte-Marie : un bassin intérieur, une pataugeoire intérieure pour enfants. Le bassin extérieur est ouvert de fin juin à fin août. Tél. 05 59 39 94 88. Boulevard François Mitterrand, 64400 Oloron-Sainte-Marie. Description et informations pratiques ici.

Piscine de Lanne-en-Barétous : un bassin à ciel ouvert de fin mai à début octobre. Tél. 05 59 34 66 44. 476 rue des Pyrénées, 64570 Lanne-en-Barétous. Description et informations pratiques ici.

Le gave d’Aspe, mais juste pour y tremper les pieds. Cours d'eau accessible notamment depuis l’aire du Saillet à Osse-en-Aspe, au bourg d’Eygun, à Etsaut, à Urdos.

Une pluralité de maillots de bain
pour le bien-être de chacun ?


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