Pour une démocratie du toucher

• Premier sens : le massage thérapeutique

Le Code de la santé publique décrit les actes de rééducation fonctionnelle dans un cadre médical. Les kinésithérapeutes diplômés d'Etat sont seuls habilités à les délivrer, sur ordonnance d'un médecin.

Dans les années 2010, la jurisprudence s’est adaptée à l’évolution des mentalités et des usages.

Désormais, les massages de bien-être sont reconnus comme une pratique de santé humaine. Outils de prévention, les massages bien-être ont leur place à côté de ressources telles que la sophrologie ou le yoga.

• Deuxième sens : le massage esthétique

En France, les soins du corps sont délivrés dans les instituts de beauté et les spas.

En formation, les étudiantes en esthétique apprennent les gommages, les enveloppements, et parfois des rudiments de massage californien - rebaptisé modelage. Ce qui prime ici est le soin de la peau. Porté par le marketing, le modelage s'inscrit dans la quête d'une éternelle jeunesse, beauté plastique dont les contours modélisent la société contemporaine.

• Troisième sens : le massage érotique

Les massages sont sources de fantasmes. Certains sites vendent des massages érotiques. Frustrations affectives et sexuelles sont perçues comme un marché par les réseaux internationaux de prostitution.

En langage codé, certains parlent de massage tantrique. Or, le tantra n’a rien à voir avec les salons où se pratiquent les massages érotiques à la chaîne, où le droit du travail est bafoué, les femmes exploitées, où le plaisir sexuel se réduit à un acte mécanique.

. . .Faute d’une culture du bien-être ancrée dans les usages, la France peine à se lancer dans l’éducation somatique (1), comme le disent joliment les Canadiens. L’adage « Bien dans son corps, bien dans sa tête » repose pourtant sur des vérités scientifiques.

Une personne qui opte pour une activité physique régulière veille à sa santé. Elle est moins sujette au diabète, au cancer, à la dépression, à l’insomnie, à l’arthrose. Elle ralentit le vieillissement de son corps.

L’éducation somatique regroupe des expressions corporelles qui ont fait leurs preuves : yoga, body mind centering, méthodes Pilates, Feldenkrais. Le mouvement corporel est source de santé.

Sans esprit de compétition, la danse, la randonnée, la natation sont à la portée de tous, dès lors que l’être humain découvre que son corps est sa maison.

Respecter sa maison corps, l’entretenir, l’habiter, nourrit un sentiment qui frôle parfois le bonheur.

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À leur tour, les massages bien-être (2) contribuent à vivifier le corps, aérer les pensées. Le toucher est le plus méconnu des cinq sens. Il est vital. Un bébé sans toucher meurt en quelques semaines. Un homme, une femme sans tendresse se flétrit.

Nul besoin d’attendre de tomber malade pour être massé·e. Outils de prévention santé, les massages bien-être déploient un langage tactile aux nuances presque infinies. Parfois, les mots nous manquent pour décrire un bien-être intérieur.

Chaque femme, chaque homme
a droit au toucher.
Loin des préjugés sur le mot massage,
peu à peu s'ouvre un paysage.

Relaxant, un massage ? Pas seulement. Loin du modelage californien qui s’apparente au passage distrait d’un chiffon à poussière sur une étagère, un massage, doux et profond à la fois, nourri de traditions venues d’Orient - Inde, Bali, Thaïlande, Japon, Chine - ressource une personne. Les tensions s’évacuent. La fatigue est balayée. Le cerveau cesse de ruminer. Une énergie toute neuve s’éveille.

Les massages installent une sécurité intérieure. Ils stimulent la créativité. Le toucher devient à l’amateur de massages ce qu’est la gastronomie à l’amateur de bonnes tables, la musique au mélomane. Il est possible de tout changer, tout réinventer, jusqu’à faire un tour du monde en sortant d’un massage bien-être !

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Si le terme sensuel prête à confusion, alors le mot sensoriel souligne le droit qu’a chaque femme, chaque homme à parler une langue dénuée de mots : celle des sensations. Une langue d’une richesse et d’une subtilité méconnues. Une langue qui se cultive au fil du temps, y compris dans la sphère privée.

Sur table de massage, futon ou siège ergonomique, les massages bien-être créent une expérience intime et personnelle pour des corps vivants qui partent en quête de leur plaisir. Le plaisir de vivre, tous sens éveillés.

Nul besoin d’une ordonnance pour avoir le droit d’être massé·e.

Le 29 juin 2021, la Cour de Cassation a confirmé la légalité du mot massage en tant que pratique de bien-être, mettant ainsi fin à près de vingt années de conflit juridique entre le Conseil national de l'ordre des masseurs-kinésithérapeutes et les praticiennes et praticiens en massages bien-être : arrêt N° 910 à consulter ici.

○ A une époque où l’on voudrait nous faire croire
que la dématérialisation est la solution à tout,

○ Jusqu’à rendre notre cerveau éternel,
numérisé dans une puce électronique,

○ Faisons le pari que nos pensées,
nos émotions, nos sensations
sont indissociables du corps.

. . .• Le Corps S'éveille est aussi un guide sur les massages bien-être.
Livre à découvrir ici.

(1) sôma signifie corps en grec ancien.

(2) Les massages bien-être sont à visée non médicale, non thérapeutique. Ils ne se substituent pas à un protocole de rééducation suivi par un masseur-kinésithérapeute dans un cadre médical.