À Borce, dans les Pyrénées béarnaises, un parc animalier aiguise notre regard sur les animaux. À condition d’arriver tôt.
Il était une fois un parc animalier où le public déambule sur un gazon fraîchement tondu. Une hôtesse tout sourire orchestre les visites. Elle présente tigres, éléphants, lionceaux. Chaque animal pose derrière la vitre, de face puis de profil. Un petit train promène les familles avec enfants en bas âge. Un ouvrier élague une branche d’arbre pour que rien ne dépasse. Au restaurant du parc, les touristes hésitent entre pièce de bœuf et rôti de veau. Sur Facebook et TripAdvisor, tout le monde il est content.
Sauf que nous sommes dans les Pyrénées, en altitude, là où la chaussure de randonnée s’agrippe à la roche. Un alpaga crache sa bile sur les cheveux d'une soigneuse animalière. Une brebis renâcle à avaler son traitement contre une tumeur à l’os. Un mouflon boite. Un dindon tourne en rond, à la recherche de sa femelle. Un jeune sanglier cherche sa place entre deux congénères plus âgés. Un ours se gratte le dos contre un tronc d’arbre. À Parc Ours, une faune sauvage déploie son animalité.
De bon matin, Djanisse et Laura attirent deux ours dans l’abri dédié aux soins. Entre les barreaux, les soigneuses tendent une cuiller de miel où trempent des comprimés homéopathiques. Après avoir vérifié que les portiques sont cadenassés, elles filent dans l’enclos faire le ménage : retirer excréments, pelures d’oranges, coquilles d’œufs. Puis elles fixent des sacs de nourriture aux branches d’arbres. Facétieuses, elles planquent raisins, pommes, avocats pour que deux ours fouillent le terrain tels deux enfants un lundi de Pâques. De loin, elles observent les mammifères accourir, stimulés par l’odeur.
De bas en haut du parc : 50 mètres de dénivelé. Impossible d'y rouler une brouette. Soigneuses et soigneurs portent des sacs de granulés de 15 kg. Ils nettoient les sols. Ils réparent un pied de clôture. Ils changent un loquet. Ils libèrent une brebis dont la tête reste coincée dans un grillage. Ils transpirent été et hiver, au soleil ou sous l'averse.
Visiter Parc Ours, c’est se frotter à l’âpreté de la montagne. Chaque enclos est une famille avec ses humeurs, ses conflits, ses jeux. Un trio de biches comprend la timide, la clown, la caractérielle. Chez les alpagas, lapins, sangliers, dominants et dominés se tiennent en respect. Quand arrive la nourriture, un rite s'applique : d’abord la ration du plus fort ; puis celle des autres une fois que le dominant est rassasié.
Dans une prairie vieillissent deux troupeaux de chèvres et de brebis. Car à Parc Ours, l’animal a le droit de vivre jusqu’à un âge avancé. Dans un troupeau d’élevage, l’animal part à l’abattoir dès qu’il n’est plus rentable. Refuge pour animaux, Parc Ours accueille les fragiles, les boiteux, celles et ceux dont l’humanité veut se débarrasser. Un coin des Pyrénées pose un regard bienveillant et désintéressé sur le monde animal. Miracle : l’ours Titus, arrivé malade et stérile, est devenu le papa de Diego et Groseille avec la femelle Myrtille. Un cochon qui ne connaissait que le béton retrouve son poil en marchant sur l’herbe.
Et quand l’État supprime les emplois aidés, puis fait retirer le panneau du parc sur la route nationale, alors huit salariés serrent les dents. Une association accueille chaque année 20 000 montagnards avides de voir la vie animale dans son jus. Homme et bête se jaugent.
Quelques visiteurs pressés s’irritent de n’avoir rien vu. Ils s’en plaignent sur Google. Ils rouspètent sur le livre d’or de l’association. D’autres râlent parce qu’on ne peut pas faire le parc en escarpins. Mais une fois que la foule d'été s’en va, alors la nature retrouve ses droits. Les visiteurs malins se pointent à l’entrée à 10 heures pour suivre la tournée des soigneurs.
Aujourd’hui, un parc animalier est en sursis. Une équipe s'efforce de le sauver. Rémi apprend à manipuler la tronçonneuse. Laura prépare les seaux pour l’alimentation du lendemain.
À Parc Ours, les soigneuses mènent la danse. Au volant du tracteur, l’une d’elles rit : « Nous sommes les brutusses de la Vallée ». Alexandre, le directeur, tient la liste des sorties scolaires. Des lycéens de Terminale demandent une visite sur le cycle alimentaire. Une autre classe travaille sur le conflit homme-animal. Soigneuse ou soigneur animalier se mue en pédagogue. Face à l’enclos des ours, Laura improvise un quiz : « Combien pèse un ourson à sa naissance ? » (1) Parfois, elle fait la discipline quand un enfant court après une brebis ou tire l'oreille d'un lapin devant ses parents indifférents.
Hors du parc, le personnel compense. L’une pratique la danse orientale. Une autre fait de l'aïkido, un art martial japonais. Tous se réunissent pour fêter Noël et la chandeleur. Sur le terrain, Alexandre insuffle l'esprit de solidarité. La faiblesse y a droit de cité. L’État ignore un parc animalier, ses animaux, ses salariés ? Sur les pentes pyrénéennes, Parc Ours tente de résister.
Le bien-être animal n’est pas qu'un slogan. Au-dessus du village de Borce, loin des ministères, quatre femmes et trois hommes agissent au lieu de discourir. Enfilons nos chaussures de randonnée. Partons les encourager. Un parc animalier dit le paradoxe d’une société.
. . • Merci à Alexandre, David, Djanisse, Laura, Marie, Rémi, soigneuses et soigneurs animaliers, ainsi qu'à Cassandre et Roxane en service civique, pour les moments passés dans le parc et leur patience à répondre à l’auteur de cet article.
• Un supermarché et un boucher offrent à Parc Ours des invendus alimentaires : fruits, légumes, viande. À ce jour, le Parc ne reçoit pas de subvention de fonctionnement.
• En photographies, le Centre de bien-être Le Corps S'éveille salue le travail des soigneuses et soigneurs à Parc Ours. Pour voir les animaux, rendez-vous à Borce. Bien-être humain, bien-être animal : même idéal.
• Parc Ours : depuis Pau et Oloron-Sainte-Marie, RN 134, puis D759 vers Borce. Suivre le fléchage de Borce au parc animalier. Tél. 05 59 34 89 33 ou 06 01 73 46 09. Site de Parc Ours : horaires, tarifs.
(1) Réponse : un ourson à sa naissance pèse 250 grammes, soit le poids et la taille d'une cannette. Adulte, un ours mâle pèse 250 kg, soit cent fois plus.
* Page publiée le 28 novembre 2019, mise à jour le 28 avril 2023. Texte, photographies : Erik Brissot, Centre de bien-être Le Corps S'éveille. Tous droits réservés.
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