Métier : masseuse, masseur

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De janvier à mars 2023, 1 581 personnes ont répondu au sondage de la FFMBE. Un panel assez large pour que la Fédération en tire des enseignements. Cela dit, il faut prendre deux précautions : d’une part, seuls 39 % des praticiennes et des praticiens agréés FFMBE ont répondu. D’autre part, le sondage repose sur des déclarations impossibles à vérifier.

En préambule, rappelons un fait : en France, masseuse ou masseur bien-être n’est pas une profession réglementée. Il n’existe ni diplôme d’État, ni inscription au Répertoire national des certifications professionnelles. Si bien que toute personne peut en faire son métier, même sans formation. D’où un service de bien-être à la personne qui peine à se professionnaliser. De fait, les 1581 réponses au sondage révèlent un paysage éclaté : 39 % des personnes respectent les critères de la FFMBE avec une formation qualifiante, un certificat, un code de déontologie, un cadre juridique pour vendre leurs prestations. Les 61 % restants sont des autodidactes, ou des personnes qui ont suivi un stage ponctuel de sensibilisation.

Ceci posé, le sondage révèle d’abord que les masseuses et masseurs en France ont en majorité plus de 40 ans. Pour des raisons diverses, ils ont quitté leur métier d’origine pour une reconversion. Ou alors ils choisissent d’exercer deux métiers, quitte à se donner le temps pour développer leur activité de bien-être. Quoi qu’il en soit, masseuses et masseurs ont derrière eux une histoire et une expérience : ils « ont vécu ». Cette maturité leur est précieuse pour entourer un massage d’un cadre éthique.

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Deuxième enseignement : les masseuses et les masseurs en France, tout en posant le corps comme vecteur de bien-être, ont deux visions distinctes de leur métier. Les pragmatiques considèrent les massages comme une activité de détente ; ils font en sorte que leurs clients passent un bon moment. Les militants les voient comme une thérapie alternative, aux côtés de la sophrologie ou de la réflexologie. La seconde catégorie a d'ailleurs tendance à cumuler les étiquettes : par exemple, masseuse + naturopathe. Derrière les mots bien-être et santé cohabitent deux regards sur ce qu’un massage apporte (ou non) à la personne.

Troisième enseignement : les masseuses et les masseurs en France ont le goût de l’indépendance. Dans la plupart des cas, ils exercent en tant que profession libérale et microentrepreneur. Ils ont installé leur cabinet en un lieu spécifique et dédié, ce qui leur évite d’être confondus avec des professions voisines telles que les esthéticiennes et les kinésithérapeutes.

Quatrième enseignement : les revenus que masseuses et masseurs tirent de leur activité sont inégaux. Les uns abordent le métier avec rigueur : de la formation initiale au site web, en passant par la qualité du lieu de travail et les outils de commercialisation. D’autres « bricolent » avec une pièce aménagée dans l'espace privé, un numéro de téléphone mobile, une page Facebook. Dès lors, le chiffre d’affaires des uns et des autres s’établit selon une fourchette qui va de 1 à 6. Tandis que la majorité des répondants au sondage ont une recette mensuelle de quelques centaines d’euros, une minorité de professionnels dépassent 3 000 euros de revenus nets par mois (1).

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Bilan : le fait que l’État hésite à structurer la profession entraîne des dérives : exercice sectaire du métier, enjeux de guérison, qualité inégale des prestations. De même, l’absence d'un cadre crée une confusion entre temps de bien-être et pratique ésotérique. Au fil de l’actualité, les massages sont même assimilés à de la prostitution ou à des violences faites aux femmes. D’où une méfiance des Français à l’égard d’une profession qui jongle entre discours marketing et promesses de bonheur. Pourtant, la structure et la technicité d’un massage n’ont rien à voir avec un traitement médical, un soulagement sexuel, un paradis artificiel.

Un moyen d'évaluer la profession consiste à noter depuis combien d'années les masseuses et les masseurs exercent leur métier. En 2023, le turnover dans la profession reste élevé. D’après le sondage de la FFMBE, 33,1 % exercent depuis moins de trois ans, 26,8 % depuis plus de dix ans (2). Or, l’expérience est gage de confiance. Il faut des milliers de massages pour qu’une masseuse ou un masseur acquière les bons réflexes, élargisse sa palette technique, signe une « patte » qui le distingue d’un massage standard. C’est pourquoi une personne qui débute est invitée à « ménager sa monture » : développer une activité de massage tout en ayant une autre corde à son arc.

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Une seconde enquête sur les masseuses et les masseurs en France serait riche d’enseignements, à condition qu'elle soit réservée aux mille praticiennes et praticiens labellisés France Massage®. L'analyse qui en découlerait serait plus pertinente. Car la Fédération Française de Massages Bien-Être sonderait des femmes et des hommes qui ont fait l’effort de se former, puis ont créé les bons outils professionnels avec l'objectif de vivre de leur métier.

Dans l’immédiat, les résultats du sondage méritent l'attention de l’État. Un service à la personne en croissance doit s’entourer d’un cadre administratif, éthique, juridique, et de formation. Prévenir les dérives devient une urgence. En 2023, le gouvernement s’attaque aux violences conjugales, aux abus sur les mineurs, au contrôle coercitif des personnes fragiles. Faire le tri dans les offres de massages serait une initiative d’intérêt public. En attendant une prise de conscience au sommet de l’État, les gastronomes en massages ont une ressource : l’annuaire en ligne des mille praticiennes et praticiens agréés France Massage®.

• Accès à l’article de Joël Demasson, président de la Fédération Française de Massages Bien-Être, sur le sondage. Article publié le 27 avril 2023.

(1) Les masseuses et masseurs professionnels dont les revenus sont supérieurs à 3 000 € par mois cumulent en général des séances individuelles à leur cabinet, des prestations en milieu professionnel et de la formation.

(2) La statistique doit être pondérée par le fait que la plupart des masseuses et des masseurs arrivent tard dans le métier, après 40 ans. À l'inverse, peut poser l'hypothèse que les 61 % de masseuses et masseurs professionnels qui ont adhéré à la FFMBE mais n'ont pas répondu au sondage se sont abstenus par manque de motivation, donc probablement par manque de revenus résultant de leur activité.

• Soin à visée esthétique > modelage effectué par une esthéticienne

• Thérapie manuelle de rééducation > acte effectué par un masseur-kinésithérapeute, éventuellement par un ostéopathe

• Massage de bien-être ou sportif > massage délivré par une masseuse ou un masseur ayant le label France Massage®