Frôler, frotter, presser, apaiser... Un sens riche en histoire frappe à la porte. Accueillons le toucher avec doigté.
. . .Aucun animal ne connaît la qualité, la précision du toucher tel que le vit l’être humain.
Il y a deux millions d’années, quand l’homme s’est dressé sur ses deux jambes, il a libéré ses mains. Celles-ci sont entrées en contact avec la matière.
Avec l’évolution, les récepteurs sensoriels se concentrent sur les mains. Il y en a vingt fois plus que sur le reste du corps : 2 000 terminaisons nerveuses par mm² sur la pulpe des doigts.
« On touche avec les yeux ! » assènent pourtant les adultes à leurs enfants. Quelle frustration, alors que le toucher reste le premier canal d’accès au monde !
C’est grâce à la mémoire de la peau que plus tard, à l’âge adulte, la vue nous suffit pour reconnaître les matières.
Aux premiers jours de sa vie, « par le contact avec la peau de sa mère, le bébé se sent exister, dit le psychanalyste Michael Stora. Puis, quand il se touche lui-même, c’est pour découvrir son corps et pour pallier l’absence de sa mère. »
Grâce au toucher, le nourrisson se différencie jour après jour du reste du monde. Il fait la distinction entre toucher et être touché. La mémoire des premières caresses reste inscrite comme un eldorado que l’adulte n’aura de cesse de rechercher. Jusqu’à avoir l’être aimé « dans la peau ».
C’est dire l’importance des premiers échanges : « Un enfant qu’on touche peu devient dépressif, rappelle Michael Stora. Il ralentit son développement psychoaffectif. Le bébé peut mourir de ne pas être touché. »
Le toucher est le premier de nos sens à se développer - la peau se forme avant la huitième semaine de gestation. Et le dernier à se retirer : ultime mode de communication quand une vie a usé les autres sens.
Toucher, c’est découvrir, prendre de l’information, en donner. Toucher, c’est apprendre. Toucher, c’est aimer. Toucher, c’est aussi agresser ou être agressé. C’est soigner, apaiser. Le toucher ne ment pas.
« Le monde des odeurs, des couleurs, des sons, est de simple apparence, écrit le neurologue Guy Lazorthes dans son Ouvrage des sens (Flammarion, 1992). Seul le toucher fournit la certitude d’une réalité. Prendre dans sa main, c’est déjà comprendre. »
Ce qui est vrai pour la matière l’est aussi pour les sentiments que nous éprouvons. Langage parallèle, cette voix du silence peut aussi bien traduire que trahir notre monde intérieur. « La peau durcit lorsqu’elle refuse qu’on la touche, détaille le médecin en gériatrie Lucien Mias. En revanche, elle s’anime pendant l’amour. Elle devient plus douce lorsqu’elle se sent comblée. »
Pourtant, le toucher demeure le sens le moins valorisé dans nos sociétés occidentales. Gastronomie, musique, arts plastiques : on glorifie le goût, l’odorat, l’ouïe, la vue. Pas le toucher.
« Nous vivons dans un monde où le tactile a disparu. Mais cela ne date pas d’aujourd’hui, confirme le sociologue David Le Breton, professeur à l’université de Strasbourg et auteur de La saveur du monde, une anthropologie des sens. Il faut remonter à Rabelais, qui faisait l’éloge du bas corporel et du plaisir de manger, pour retrouver une civilisation touchante. »
L’invention de la fourchette sonne le glas de la culture carnavalesque. Fourchette : premier mur avec le monde. Séparer la nourriture et la main. « La France passe de Rabelais à Descartes : nos désirs, donc le toucher, sont domptés par une série de rituels », analyse David Le Breton.
Inscrit dans notre culture, le toucher du XXIe siècle est codifié par des règles, des interdits implicites, alors qu’il se révèle souvent riche de sens : « Il véhicule un message non verbal qu’il faut prendre en compte », souligne David Le Breton.
Toucher n’est pas un geste neutre : nos échanges peau à peau suscitent dégoût, peur, ou au contraire plaisir, désir. On ne touche pas par hasard, jamais n’importe qui. Et quand deux inconnus se frôlent par inadvertance dans la foule, il en résulte un mouvement instinctif de protection, voire d’agressivité.
« Tout objet qui nous touche sans que nous l’ayons d’abord identifié est vécu comme une attaque », explique le kinésithérapeute Hervé Cochet, rappelant que « les fonctions humaines sont dévouées avant tout à la survie de l’espèce. »
Sait-on que les hommes se tiennent couramment par la main dans les rues de Bombay et de New Delhi ? Et qu’en Afrique subsaharienne, les enfants restent sur le dos nu de leur mère jusqu’à leurs deux ans révolus ?
« Nous vivons dans un monde occulocentriste », déplore le photographe Evgen Bavcar, aveugle depuis l'âge de 25 ans.
Evgen raconte le vernissage d’une exposition de sculptures de nus : « Je les ai regardées de près avec mes mains. L’ami qui m’accompagnait m’a supplié de partir : dans la galerie, tout le monde était choqué que je touche ces corps ! Et ce n’étaient que des corps en pierre ! »
Evgen Bavcar milite pour des parcours tactiles dans les expositions. En finir avec ces écriteaux qui semblent tonner Défense de toucher !
« L’art est sensuel. Quel dommage de priver les visiteurs de cette dimension », regrette le photographe.
Sensualité. Le mot s'invite à notre table.
Sensualité lorsque Julie décrit la façon dont elle se passe de la crème sur le corps après un hammam : « Je sens ma peau toute douce. Cela me donne envie de la caresser, la chouchouter. »
Sensualité lorsque deux amants se lovent l’un contre l’autre.
Michel Stora, psychanalyste, rappelle volontiers : « Se toucher entretient et renforce l’amour. Plus un couple fait l’amour, plus il s’aime. »
Aragon l’a compris, qui écrit dans Le Tiers Chant interprété par Jean Ferrat :
« Suivre ton bras, toucher ta bouche
être toi par où je te touche
et tout le reste est des idées. »
(1) Cette page reprend des extraits d'un dossier réalisé par Marie Marvier dans le magazine Clés, N° 78.
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• La peau et le toucher d’Ashley Montagu. Editions du Seuil, 2007.
Un tableau noir de notre civilisation du non-toucher.
• Le moi-peau de Didier Anzieu. Editions Junod, 1995.
La structure et les fonctions de la peau vues par la psychanalyse.
• Les bienfaits du toucher de Tiffany Field. Editions Payot, 2006.
Une spécialiste des thérapies par le toucher s’interroge sur les conséquences de la privation sensorielle.
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Témoignage : Frédérique Chauveaux, danseuse et vidéaste
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« Contrairement à beaucoup de gens, les danseurs se touchent tout le temps, sans même y penser.
« Quand je me retrouve à l’extérieur de ce milieu, je reproduis le même comportement, mais je sens bien que ça crée un malaise chez les personnes "normales". C’est connoté.
« Lorsque je me touche moi-même, je veux dire par une simple main posée sur ma cuisse ou sur mon bras, je ne peux pas m’empêcher de palper, de vérifier la densité, le volume. Je touche mes muscles plus que ma peau.
« Notre métier modifie le rapport au corps. Dès l’enfance, les professeurs nous touchent pour nous guider vers le mouvement juste.
« Plus tard, on se masse les uns les autres, on se porte dans les chorégraphies. Les mains de l’autre sont amenées à passer dans les recoins les plus intimes, mais notre corps est un outil. Un outil n’a rien d’érotique.
« Pour nous, la séduction se passe ailleurs.
« Je crois que la connaissance intime de mon propre corps abolit la peur de celui de l’autre. »
• Source : magazine Clés N° 78
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